Il n'a pas dit, "j'ai envie de t'embrasser", il n'a pas formulé ces mots, pourtant un presque rien pourrait, un presque rien, mais il n'a pas dit les mots, il m'a dit au revoir sur le palier de la porte, je l'ai trouvé grand, je l'ai trouvé beau dans le départ, alors il m'a pris dans ses bras, et moi aussi, je l'ai enlacé, j'ai serré mon étreinte, et lui aussi, a serré son étreinte.
Je crois qu'on s'est tout dit, dans ces simples gestes, je crois qu'on s'est tout dit, incapables que nous étions, de le formuler autrement que par le contact de nos corps.
On s'est dit au revoir comme on se dit je t'aime. Et c'était vrai, je l'aimais, sans pouvoir me l'expliquer, et comme Duras, je sentais qu'il "ne pouvait rien arriver de plus à cet amour".
J'étais heureuse de le savoir dans cette sensation de l'inconnu, j'étais heureuse de m'imaginer les possibilités, sa vie, loin de moi, loin d'ici.
Soudain, un étrange sentiment m'a envahi, c'était la fin. Il ne sera plus jamais possible, cet amour. Le désir, peut-être, oui, le désir, lui, peut-être restera-t-il encore, niché là, dans l'idée de la beauté de son corps, ses lèvres, sa peau, son odeur. Mais cet amour, il ne sera plus.
J'ai pensé à dormir sur le canapé où il s'était installé, dormir avec lui, sa présence, dormir avec cet amour, j'y ai renoncé. Il n'a pas dit, "j'ai envie de t'embrasser",
et j'ai pensé, si fort, "quel rendez-vous manqué".
Décembre 2022.