tes mains, mes mains, toucher ma peau, toucher mes seins, tes lèvres, mes lèvres, toucher ta peau, tes mains, mes mains, ton cou, tes mains, ma nuque, tes mains, fermer les yeux, toucher ma peau, tes mains, nos mains,

l'ivresse, de toi,
peut-être de moi,
le désir,
presque incontrôlable,
presque retenu,

et soudain la pudeur,

et tes mains, et mes mains, s'écraser, lentement, l'un contre l'autre, comme un baiser.

et soudain : la timidité, l'inconnu,
la gêne,

et à nouveau tes mains, mes mains, nos mains, toucher ton corps, l’assouplir, l’arrondir, toucher mon corps, mes hanches,

et puis tes mains, mes mains,
tes mains,
tes mains,
tes mains,
partout tes mains,
aussi mes lèvres, aussi tes lèvres,

et s’embrasser, s’enrouler, corps contre peau, peau contre corps, encore tes mains, mes mains, tes mains, nos mains, ouvrir ta chemise, déboutonner ta chemise,
l'envie d'observer, de dénuder, tout, chaque centimètre carré,
apprendre à t’écouter,

mais tes mains,
partout tes mains,
et ta langue,
et tes lèvres,
et mon ventre,
et tes mains,
et tes doigts,
et tes mains,
et tes mains,
et bientôt mon sexe,
non,
bientôt toucher,
bientôt lécher,
non,
juste caresser,

ralentir,
ralentis,

mais tes mains.

et tes mains,
partout tes mains,
toujours tes mains

et mordiller,
et suçoter,
non,
aspirer, mon corps.

rien,
ne rien ressentir,
sous tes mains,
et soudain : briser mes sens.

toucher mon corps,
toucher ce corps :
à qui est-il,
à moitié mort,
à moitié là,
à qui est-il ?

reste tes mains,
et ce corps,
reste tes mains,
et ton corps,
qui s'agite, pressé,
impatient d’arriver,

et tes mains,
et tes gestes,
ta maladresse, peut-être.

et enfin, te sentir trembler.

mais rien, toujours rien,
ne rien ressentir,
si ce n'est le vide,
rien si ce n'est le vide de mon corps,
si ce n'est le vide de ton souffle,

le silence.

et, t'entendre respirer, fort, si fort,
mais rien,
ne rien ressentir,

te sentir te débattre, là,
au creux de mon corps,
au creux de ce corps,

et rien,
ni plaisir,
ni désir,

juste l’instant qui passe
dans ce corps
à moitié mort,
à moitié là,
dans ce corps
à moitié moi.


À F.

Septembre 2022.





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série de poème en prose


à F.

je suis allée à la mer
layla
tes mains






tes mains